n° 118 - 2024
L’indispensable collectif
Complémentaires à l’accompagnement individuel, le travail de groupe et le travail communautaire peuvent s’avérer très précieux. Le collectif peut être porteur pour les personnes, car il leur permet, en se rencontrant et se connectant au travers de difficultés partagées, de se retrouver dans l’histoire de l’autre, de se sentir comprises, de créer un sentiment d’appartenance qui aidera à recréer du lien, de la confiance et de l’entraide. À travers une lecture désindividualisée de leurs problèmes et de leurs solutions, il peut également être source d’interpellations et favoriser le changement social. Ces approches demeurent cependant un défi, dont il faut bien saisir les enjeux pour assurer leurs effets, à une époque où le vivre-ensemble est mis à mal par certaines évolutions sociétales et politiques, où l’individualisme tend à prendre le pas sur le collectif.
Éditorial
Complémentaires à l’accompagnement individuel, les approches collectives peuvent considérablement enrichir le travail social et ses effets.
Le travail de groupe offre la possibilité aux personnes de se rencontrer et de se connecter au travers de difficultés partagées et, ainsi, de se retrouver dans l’histoire de l’autre, de se sentir comprises, de créer un sentiment d’appartenance qui aidera à recréer du lien, de la confiance et de l’entraide.
Le groupe, à travers des activités collectives ou des séances davantage centrées sur la parole, est aussi source de pouvoir d’agir. Il permet en effet aux individus de prendre conscience des compétences qu’ils ont développées pour « survivre » malgré leurs difficultés et de mutualiser leurs savoirs, leurs savoir-faire, leurs ressources.
Il est aussi un laboratoire, une sorte de « microsociété » où les personnes peuvent, dans un cadre sécurisé, tester de nouvelles manières d’être en relation avec les autres, expérimenter la tolérance, l’écoute mutuelle, la prise de décision collective, mais aussi acquérir des habiletés sociales, des compétences et des repères utiles et nécessaires à la vie en société.
À travers une lecture désindividualisée de leurs problèmes et des solutions, le travail collectif peut également conduire les personnes à passer non seulement du « Je » au « Nous », mais aussi du « Nous » au « Nous Tous et Toutes » en s’investissant dans des projets communautaires, en interpellant la société et/ou les pouvoirs publics pour susciter des changements sociaux et structurels.
Faire du collectif ne va cependant pas de soi... La mise en place de ces approches comme leurs effets réclament du temps, de la patience et de la flexibilité, que les pouvoirs publics ne sont pas toujours prêts à leur accorder. La démarche communautaire, en particulier, n’est pas non plus à l’abri d’une instrumentalisation politique de ce concept en vogue qu’est la « participation », risquant alors ne de plus faire office que de faire-valoir, voire de générer de nouveaux problèmes.
Les travailleurs sociaux qui dirigent ou soutiennent ces initiatives doivent de leur côté faire preuve de compétences spécifiques en matière d’animation, d’observation, de synthèse, parfois aussi de développement de partenariats. Mais ils doivent également être les garants d’un cadre sécurisant et bienveillant ainsi que de valeurs communes telles que l’égalité, le respect de la diversité, la solidarité, la justice sociale... Un défi d’autant plus essentiel, mais aussi délicat à relever, à une époque où l’individualisme et les polarisations sociales minent le vivre et l’agir ensemble.
Romain Lecomte & Justine Aerts
Sommaire
– Les pratiques communautaires en santé mentale. De l’intime au politique - Nathalie THOMAS
– Éléments de pédagogie féministe. Voyager entre le Je et le Nous Toutes - Roger HERLA
– Défis et enjeux actuels de l’agir et du vivre-ensemble. Construire du collectif - Michel BAR
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- n°117 | Où va le métier d’éducateur ?
- n°116 | Devenir parent. Quand tout n’est pas rose
- n°115 | Jeunes "incasables" - Comment mieux travailler ensemble ?
- n°114 | Nouveaux visages de la précarité & inégalités grandissantes
- n°113 | Quel accès à l’emploi pour les publics plus fragiles ?
- n°112 | Quand il y a urgence
- n°111 | L’usager au centre des réseaux
- n°110 | Numérique : quels risques pour les usagers plus fragiles ?
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titre
"Binding first" la création du lien et ses médiations, ressorts de l'accroche
retour au sommaire du n°93 "L’accroche" Auteur(s) : Interview par Romain Lecomte de Dr Alain MERCUEL, chef du service d’appui « Santé mentale et exclusion sociale » (SMES) du centre hospitalier Sainte-Anne, Paris Premières lignes : Le service “Santé mentale et exclusion sociale” (…)